Le shibari, l’art des cordes japonais

Vous avez sans doute déjà vu des photos de personnes joliment attachées par des cordes dans différentes positions ? C’est du shibari, une pratique de bondage venue du Japon. Qu’est-ce que c’est exactement et comment pratique-t-on ? Découverte de cette univers plus complexe qu’il n’y parait.

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Le shibari, c’est quoi ?

Parfois appelé kinbaku, le shibari est une forme de bondage dans lequel les attaches sont faites avec des cordes d’une manière très précise. Cela empreinte donc au BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sado-masochisme). Mais là encore, cette pratique est tout un art et la dynamique entre la personne qui attache et celle qui est attachée est très complexe. Il est également nécessaire d’avoir des connaissances fines afin de ne pas couper la circulation dans une zone capitale ni de pincer un nerf. De plus, il faut des connaissances dans la manipulation des cordes et des noeuds.

 

D’ou vient le shibari

C’est un art hérité de la période médiévale du Japon. Il était utilisé au départ pour ligoter les prisonniers dans un contexte guerrier. Les cordes qui étaient utilisées pour immobiliser ou punir les captifs ont commencé à être utilisées pour différencier les guerriers. Chacun avait sa manière d’attacher ses prisonniers, une façon d’être reconnaissable et de gagner en autorité. Il arrivait aussi fréquemment que les prisonniers soient attachés ou suspendus en public dans le cadre de leur peine. Les cordes utilisées et la façon dont était ligoté le prisonnier indiquait également le crime qu’il avait commis ainsi que sa classe sociale.

Petit à petit, cet art du ligotage s’est déplacé vers la sphère de la sexualité et l’on a gardé les techniques d’attachement des cordes pour des jeux sexuels entre adultes consentants. Il y est aussi beaucoup question d’esthétique notamment dans les noeuds et la disposition des cordes. A noter que la suspension et le ligotage de personnes à des fins punitives a été aboli au Japon au XVIIIe siècle.

 

Comment pratiquer 

Au XXe siècle, on a vu le shibari apparaitre dans des revues érotiques japonaises. Il s’est aussi libéré de son aspect brutal pour devenir un art très calme, à la limite de la méditation. Par contre les techniques de noeuds sont désormais transmises de façon très précises dans le cadre de ce nouvel usage érotique du shibari. Cette technique impose des règles de sécurité très strictes pour éviter de blesser la personne encordée.

Elle requiert également une vérification du consentement à chaque instant ainsi qu’une discussion préalable afin de déterminer les envies et les limites de la personne attachée. Cela va de soi pour toutes les pratiques BDSM, mais pour les personnes qui ne sont pas habituées, vous devez commencer par cela. La personne encordée va être privée de ses mouvements et pourra difficilement reprendre le dessus si cela ne se passe pas comme elle le souhaitait. Par exemple, il convient de définir à l’avance si vous voulez sexualiser la pratique ou non. Entendez par là qu’il peut s’agir uniquement d’attacher la personne dans différentes positions (parfois l’exposition de la personne suffit à érotiser le moment).

Il peut également être question d’aller plus loin et d’ajouter des pratiques sexuelles (comme le sexe oral ou la pénétration).

Il est donc important de définir cela auparavant, mais dans tous les cas, le shibari est un bon moyen de dynamiser le désir dans son couple. Également, il faut savoir que cette pratique relève aussi de la soumission et de la douleur. Les cordes vont contraindre la personne dans une position inconfortable et pourront laisser des traces sur le corps. Là encore il est possible d’ajouter sciemment des outils et pratiques qui viendront amplifier la douleur (jeux à impact), ou encore la restriction des sens. L’usage du foulard pour cacher la vue est courant.

On associe également souvent le shibari au wax play, des jeux avec de la cire chaude. Bref c’est un univers complet et mieux vaut s’y initier par des professionnels. Il existe des cours et des tutos sur internet mais aussi des maîtres shibari un peu partout en France. Ils vous enseigneront les noeuds, les règles de sécurité mais aussi la dynamique BDSM qui se joue derrière.

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Attention à la corde utilisée

Si l’équipement semble basique pour pouvoir pratiquer le shibari, il nécessite pourtant des précautions. En effet, il y a corde et corde. Celles destinées à la pratique du shibari sont spécifiques. Elles sont en jute ou en chanvre et font entre 4 et 6 millimètres de diamètre. Elles sont traitées avec une cire spéciale pour les rendre souples et douces au toucher. Attention à bien acheter des cordes destinées au shibari, c’est à dire pas de cordes dans un magasin de bricolage.

Méfiez-vous aussi de certains magasins érotiques qui vendent des cordes en coton ou en satin. Celles-ci ne conviennent pas à la pratique du shibari. Faites plutôt confiance à des boutiques spécialisées dans cet art. Il n’est pas nécessaire d’investir dans beaucoup de cordes. Pour une pratique au sol, vous n’aurez besoin que de 3 ou 4 cordes. Cela est différent si vous souhaitez pratiquer la suspension. Pour cela il faudra également un point de fixation au plafond.

 

La dynamique derrière le shibari

Si l’on peut imaginer qu’il s’agit simplement d’une relation dominé / soumis, les enjeux sont un peu plus complexes avec le shibari. Il y a une dimension psycho-corporelle importante qui va demander un engagement des 2 côtés.

Il est aussi nécessaire d’avoir une grande confiance mutuelle. L’attacheur devra être très attentif à la personne attachée afin de s’assurer qu’elle la mène à ses limites sans les dépasser. Etre attaché demande aussi beaucoup de lâcher prise. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, être attaché est un moment où l’on se sent protégé et rassuré par l’attacheur, comme dans un cocon. Il est donc courant que la personne ressente une certaine tristesse au moment de la libération des cordes.

Aussi, comme pour toute pratique BDSM, l’after care va être primordial pour permettre de revenir à la réalité. C’est un moment privilégier entre les 2 protagonistes afin de retrouver un lien et de prendre soin l’un de l’autre. Il peut s’agir de câlins, de lui apporter une couverture ou lui faire un thé, de parler ou de débrieffer… Là encore, chaque personne doit définir ce qui lui convient en termes d’after care.

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