Contrairement à ce que vous pensez, il ne s’agit pas forcément d’un manque total de respect lorsque votre partenaire refuse qu’on le ou la touche juste après le sexe. Il peut aussi s’agir de symptômes postcoïtaux. Décryptage.
Des études pas tout à fait d’accord
Pas facile d’accepter que la personne avec qui vous étiez en plein ébat passionné quelques minutes auparavant, se retourne et s’éloigne tout de suite après l’orgasme. Plus aucun contact physique n’est accepté, cette personne semble distante. Cela peut paraitre frustrant et même venir questionner la relation.
Pas de panique, comme à bien des occasions, chaque personne réagit à sa façon. Ceci n’est aucunement différent lorsqu’il s’agit orgasme. C‘est d’ailleurs un sujet qui commence à intéresser les chercheurs car on trouve plusieurs études à ce propos. Il s’agit de ce que l’on appelle la dysphorie postcoïtale: une sensation de tristesse, d’anxiété ou d’irritabilité qui peuvent être ressenties juste après un orgasme. Mais le terme dysphorie a été remis en question par une étude de 2020 menée par 2 sexologues de Zurich qui ont conclus qu’il serait préférable d’utiliser le terme symptômes à la place. Ceci qualifierait mieux la série de sentiments (y compris les sautes d’humeur ou la baisse d’énergie) qui sont dus en partie à une baisse d’intérêt après avoir eu un orgasme.
Période réfractaire et symptômes post- sexe
Pour cette étude, ce sont 223 femmes et 76 hommes qui ont été interrogés. Le questionnaire comprenait 21 questions liées à la sexualité. Le premier résultat sans appel est que 94,3% des participaient montrent des signes de symptômes postcoïtaux depuis qu’ils sont sexuellement actifs. Ce qui est également intéressant, c’est de noter que pour presque la moitié des répondants, ce sentiment est le même après la masturbation.
Avant cette étude, le sujet d’intérêt principal des chercheurs était la période réfractaire, soit le temps nécessaire à un homme pour retrouver une érection après un orgasme. Encore des études menées par des hommes sur des sujets masculins exclusivement. Il est donc ressorti que la durée de cette période était liée à l’âge de la personne. En effet elle peut durer 28 minutes pour un jeune de 18 ans et aller jusque’à 20 heures pour les personnes de 70 ans.
Ce n’est pas lié au sexe de la personne
Pour le psychothérapeute et sexologue Fabrizio Quattrini, il n’y a pas de doutes la dessus. Les 2 sexes sont affectés par le phénomène. « L’hypersensibilité des organes génitaux après l’orgasme n’est pas seulement une affaire d’hommes, affirme-t-il. Certaines personnes ont un clitoris hypersensible qui doit être stimulé d’une certaine manière pour éprouver du plaisir. Et tout comme les hommes avec leur pénis, elles pourraient ne pas avoir envie d’une nouvelle stimulation après le sexe. ».
Une vision qui remet en question le cliché pourtant bien ancré de l’homme qui se retourne et s’endort après le sexe alors que la femme vient pour être câlinée. Cette vision a longtemps été défendue scientifiquement en disant qu’au niveau biologique. Les femmes avaient besoin de se rapprocher de l’homme pour garantir un sentiment de sécurité en cas de grossesse. Tandis que les hommes devaient jouer leur rôle et inséminer le plus de femmes possibles pour assurer la pérennité de l’espèce.
Une vision datée et assez simpliste qui met les femmes et les hommes dans des rôles bien définis. Et qui bénéficie toujours à l’homme. C’est donc un phénomène biologique qui se joue ici. Une sorte de blues post coïtal qui pourrait affecter hommes comme femmes.
Des stéréotypes au rôle dévastateur dans le sexe
Ces rôles assignés à l’homme et la femme ont contribué à pas mal de problèmes. Dans la chambre à coucher, chacun joue son rôle et se compte d’une manière qu’ils croient être celle attendue … Au lieu de réfléchir à ce que nous voulons réellement faire pendant et après le sexe. Et ces stéréotypes viennent aussi parfois biaiser le monde scientifique, majoritairement masculin.
A quoi ces rôles sont dus ? Selon Quattrini, le manque d’éducation conduit à ne pas être capable de faire le lien entre émotion et sexualité. Tout se joue alors dans nos premiers rapports. Nous ne sommes pas prêts à comprendre la combinaison entre sensations physiques et émotionnelles qui interviennent dans le corps après l’acte sexuel. Le rapport ne peut donc être compris, géré et évalué de manière constructive.
Que faire ?
Selon le sexologue, la communication est la clé. Si l’un des 2 partenaires a davantage tendance à présenter des symptômes postcoïtaux que l’autre … Il faut surtout poser les bonnes questions. D’abord se questionner sur l’origine : est-ce que cela a toujours été comme ça? Comment cela à commencé ? C’est souvent une bonne façon de comprendre que le couple n’a jamais communiqué sur le sujet entre eux. C’est une bonne façon d’instaurer un dialogue sain pour comprendre les évolutions du couple et s’y adapter. Et c’est pour cela qu’il est primordial de vivre une sexualité positive. C’est à dire sans jugement ni préjugé (envers soi-même comme envers l’autre).